• 15.IV.2019

     

    Lundi 15 avril 2019

    Les jours passent, je me décide à terminer la transposition des premières notes du journal de René Tromplamor. Il est temps d'en finir avec ça et de rattraper définitivement le retard accumulé. 

    La quantité et la densité de ces notes ne m'encourageaient pas à m'atteler à cette besogne. La procrastination a du bon. Aujourd'hui, tout bien considéré, la transcription intégrale des fastidieuses narrations ne paraît pas nécessaire. Ne seront retenues que les grandes lignes des faits principaux.  

     

    Version numérique du Manuscrit original du Journal de René Tromplamor.

    Suite 2

     

    Mercredi 07.XI.2018 

     

    De nouveau rue Dingo ; je vais encore passé une nuit ici.
    Bon, je vais éteindre la télé pasque c'est du grand n'importe quoi.
    Il serait temps quand même que je décrive en deux mots mon héritage.

    [ Suivent la description de l'entrée et une présentation sommaire du plan de l'appartement d'Ariel d'Ybiade. ]

     

     

    Jeudi 08.XI.18

     

     02:17

    Examen de l'ordi du Vieux en quête de renseignement le concernant. Je me fais une petite idée de ce qui m’attend. Ça ne va pas être si facile. L’ordi du Vieux foisonne de dossiers en tous genres. Je vais être obligé de les examiner un à un. Allez procédons avec méthode. Commençons par le premier et voyons voir ce que ça donne...

    Hier soir, je m’étais cantonné à décrire l’entrée de l’appartement, impatient de découvrir des informations concernant le Vieux sur son ordi. 
    Complétons le plan dessiné hier. plan 
    On le voit, l’appart est bien conçu. Les pièces principales communicantes permettent divers itinéraires selon que l’on passe ou non par le couloir mitoyen qui les double. Aux bouts de celui-ci, les salles d’eau. Au milieu, un cagibi fort appréciable, rempli à ras à l’image de tout l’appartement. 
    L’énorme masse de choses à trier me décourage. Et en plus le notaire m’a parlé d’une cave. Ça promet.

     

    16:00

    Toujours rue Dingo il est 16 heures.

    Allez, maintenant priorité au rangement. Alors c'est simple ya des priorités dans chaque pièce. On va commencer par l'entrée. A tout à l'heure.

    (...)

    Bon, le couloir est dégagé. Le salon encombré mais ordonné. Il ne reste plus que la chambre à   « nettoyer ». Que faire de ces cartons à dessin qui empêchent le passage ? On verra plus tard. Je veux d’abord voir les documents que j’ai trouvés dans l'un d'eux dessin en piteux état. Des radios sûrement.

    [ Suit la description des radiographies médicales grâce auxquelles René se fera une image caricaturale du Vieux. ]

     

     

    Dimanche 11.XI.2018

     

    De nouveau chez Ariel d'Ybiade, rue Dingo. Je reprends le boulot demain. On va voir. Etape 1 : Réveil... Réveille-matin ; Réglage de l'alarme pour demain matin.

    (...)

    Il est 22:00. Ça fait cinq ou six heures que je suis rue Dingo. où je me sens finalement très à l’aise. je suis devant la tv.

    (...)

    Long coup de fil d’Olivier.

    (...)

    Demain, reprise boulot. Comment je le sens? je sais pas. On verra bien. 

    (...)

    Téléphone. Longtemps. Régine. 

    Tv : des pubs débiles 
    . Apocalypse 
    … Génocide arménien 
    … Bones 
    . Cold Case 
    . Chroniques criminelles 
    . SOS ma Famille a besoin d’aide 
    C’est gai. Ça va bien, j’éteins la tv. Ne restent plus que les néons des vitrines pour éclairer la pièce. 
    Par où commencer ? Là où j’en étais resté hier, à une radio du coude droit. L’enveloppe suivante, 29 décembre 1971. Où il faut superposer trois radios pour reconstituer la longueur du rachis, des cervicales à mi-sacrum et où l’on apprend que le Vieux était bancal.  

    [ Poursuite de l'examen des radiographies médicales du Vieux. Avec ces radios, petite reconstitution physique d'Ariel d'Ybiade. Nez, épaule, coude, tronc, genoux. Puzzle inquiétant à la Giger ou à la Marylin Manson. Une caricature ferait le Vieux boiteux à cause d’une jambe plus courte que l’autre et tors à cause d’une légère scoliose, avec en plus un nez de boxeur. ] 

     


    Lundi 12.XI.2018


    Il est pas encore une heure, c’est bon je vais pas tarder à aller me coucher ; je vais pas être habitué à me lever si tôt moi… C'est que ça me faire tout drôle ça. Dès neuf heures, visite médicale de reprise de travail... 

     

    17:15

    Alors aujourd’hui c’était une drôle de journée quand même.  … On frappe. Bon stop.

    C’était l’assureur du voisin du dessous, j’ai bien fait d’être là... Donc aujourd’hui reprise du boulot, ça veut dire réveil, reprise de la routine du matin, ça veut dire quoi d’autre ? Bus, dans les embouteillages, sous la flotte comme d’habitude, bon j’arrive un poil en retard à la visite de reprise de boulot et allons-y, encore des papelards et puis un nouveau rencard avec le médecin du travail, un rencard de toubib de plus alors il va falloir que je note tout ça parce que... Ensuite suis passé voir le grand chef après j’ai vu des collègues divers beaucoup de collègues... Puis ya eu une petite réunion du service, tout le monde aussi étonné que moi que je sois là. Qu’est ce que je fous au boulot on se le demande moi je fais ce que je peux je rame je sais pas où j’en suis ça va trop vite...

    Bon. Toubib, administration, boulot, et passé voir les pompiers mais ce n'était pas la brigade qui m'a sauvé la vie. Au passage, ça ne s'arrange pas à la Maison de la Radio :

     

    15.IV.2019

     

    Bouffé à la cantoche avec les collègues et retour chez le Vieux, chez moi, quoi... 

    Je faisais de la guitare j’en ai un peu trop fait parce que maintenant après la visite des assureurs du voisin du dessous et ben mine de rien il est six heures moins le quart quasiment. Bon je suis chez le Vieux j’ai joué de la guitare comme à chaque fois que viens ici d’ailleurs mais je n’ai pas encore fait de guitare électrique ni de basse si la basse j’en avais fait un petit coup sans la brancher...  Et maintenant dans la chambre c’est un bordel bon on va fermer les rideaux déjà…. C’est la m… bon alors des fringues yen a partout là c’est c’est n’importe quoi ! ah purée Alors dans la chambre c’est le chantier il faut absolument que je range ça...

    Je suis dans la chambre assis sur le lit… Alors les dégâts de l’inondation dans la chambre c’est la cata ! ça tourne la tête c’est du grand n’importe quoi la chambre… et puis ya quoi là c’est une mouche en plus maintenant… Bon enfin bref rien n’a bougé depuis l’autre fois toujours le bordel là au milieu de la pièce alors au fond n’en parlons pas. 

    [ Description fastidieuse de la chambre et notamment de sa baroque cheminée à hotte qui m'évoque un temple maya ]

     

    23:30

    Non, je ne vivrai pas une vie ascétique Surveillance de l’alimentation, d’accord. D’autres recommandations aussi. Mais je me permets quelques entorses à une stricte observance. Ça va bien, je vais pas me mortifier en attendant la fin de l'histoire. A quoi bon être un ascète ? Ce n’est pas ma voie. 

    Quant à ma voix, elle était sur le dictaphone. Des enregistrements de cet après-midi. Je les ai retranscris plus haut.

     

     

    Mardi 13.XI.2018

    (...)

    05:36 

    Réveil brusque. Un truc s’est cassé la gueule quelque part dans l’appart mais quoi ? Un tour rapide. Je n’ai rien vu.

     

    15:00 

    Retour rue Dingo. 
    Le matin, panne de réveil. Retard. Retrouve la routine du boulot. Déjeuné avec David, Rebecca, Gyorgy, Frédérique. Retour à pieds. Beau temps. 
    Guitare. 

    (...)

    J’ouvre la vitrine, choisis le plus bel éclat d’obsidienne et le dépose sur le secrétaire de la chambre qui trône devant la cheminée. 
    Il se fait tard. Appelle Régine sur son portable ; au même moment sonne le fixe. C’est elle. 

    (...)

     

    Mercredi 14.XI.2018 


    11:40
    Rue Dingo. Le mercredi, je ne travaille pas. Mi-temps thérapeutique, comme ils disent. 

    Trouvé un vieux calendrier des Postes dans la chambre. A l’époque, - 1961, excellent millésime-, avant-hier, le 12 novembre, jour de ma reprise de boulot, on fêtait la Saint René ! Dans le temps, ça aurait été ma fête.

     

    22:20 
    L’après-midi, fait un peu de rangement dans l’appart. On y voit plus clair. 

    Suis allé à pieds au parc de l’Ile Saint-Germain pour retrouver Régine. 
    Retour bus. 
    Guitare

     

     

    Vendredi 16.XI.2018 

    Boulot : Marie-T & David. 
    Déjeuner : David & Gyorgy. 
    AM : Rue Dingo.

    15:30 
    Sur l'ordi. Je découvre des filons qui me conduisent à créer mon propre sillon dans toutes ces informations. 
    J’ouvre un dossier René dans Documents. Je vais y mettre tout de suite les fichiers de mes récentes découvertes. 

    Je m'aperçois que le Vieux avait conçu plusieurs blogs. L'un d'eux, bibelotheque.eklablog.com répertorie entre autres toutes ses peintures accumulées un peu partout dans l'appartement.

      …

    Il est temps de partir chez Régine.

     


    Dimanche 18.XI.2018 


    22 :50 
    Rue Dingo. depuis fin d’après-midi


    23:15 
    Je commence à en savoir long sur Ariel d'Ybiade mais je réalise tout à coup que je ne sais pas de quoi il est mort. Si ça se trouve il est mort ici, chez lui - tout de même le notaire me l’aurait dit - dans la cuisine peut-être – il faudrait déjà qu’il soit au courant– Pourquoi pas à cause du gaz ? J’ouvre la fenêtre de la cuisine; Eh le bon air de Paris ! Il va falloir ramoner. On ne sait jamais. Manquerait plus que la casbah se remplisse de monoxyde de carbone. Déjà que j’ai loupé l’entretien de la chaudière. Injoignables p. r.v. 
    Il est bientôt minuit. 
    Dans la cuisine. Par la fenêtre ouverte, vois les feux d’un avion dans nuit, avion qui vient de passer juste au-dessus de l’immeuble. Non mais, depuis quand ? C’est nouveau, ça ! on est à Paris tout de même ! 
    Je regarde un des innombrables bouquins de la bibliothèque du salon. Ce livre m’intrigue. je ne sais plus si c’est moi qui l’ai rangé dans la bibliothèque où s’il s’y tenait déjà et appartenait donc à Ariel d'Ybiade

        STUPEFIANT 

    C’est le titre du bouquin. 
    Il va falloir changer l’éclairage du salon. La lampe art déco sur la cheminée n’éclaire pas assez pour lire correctement. 
    Défilé des gravures du bouquin. Ya plusieurs illustrations de la morphine. Faut que je vois ça. Le terme morphine désigne pour mes proches les drogues dont on m’a abreuvé ya bientôt 7 mois. Déjà 7 mois. C’est déjà l’automne ; très bientôt l’hiver. Je finis de feuilleter le bouquin. 
    Il faudra que je pense à regarder mieux certaines gravures. Je range le bouquin. 
    Tv. Infos. Aller-retour cuisine pour grignotage. Un des petits plaisirs que je m’octroie de temps à autre. Pas d’ascétisme, je l’ai déjà dit. Foutu pour foutu. Si je te le dis ; on va tous crever. Si, si, ça paraît dingue mais je t'assure, c'est certain. Alors pourquoi se priver, je te demande un peu.

     


    Lundi 19.XI.2018 
     

    18:25
    Je ne croyais pas si bien dire hier soir. Je me surprends en plein grignotage.
    Gare à ce que les petits plaisirs ne deviennent pas des absurdités par excès, par répétition puis par les deux.
    Là je suis à la limite de l’absurdité. je suis en train de bisser une infraction.

    21:20
    Echangé des lampes. Cette fois, je peux lire et écrire le soir, dans le canapé. Ça change la vie.
    Tv. Une kyrielle de pubs. Quelle société ! Il paraît déjà loin le temps où je me suis totalement et aisément passé de tv pendant deux mois.

    22 :20
    J’ai attaqué la 2e semaine de boulot. Roger S., de retour avec quelques autres du service d’un stage de secourisme, m’apprend que mon aventure fait figure de cas d’école. les pompiers qui encadraient la session n’arrêtaient pas de parler de moi.
    Normalement, jeudi, je dois enfin voir mes sauveteurs, mes sauveurs.
    Alors enfin, cette rentrée sera consommée.

    23:00
    Je triple l’incartade de la journée. Je suis René le triple fou.



    Mardi 20.XI.2018

    03 :07 
    Tout à l’heure, 2e folie de la journée.
    Pas encore couché. Décidément, je déconne complètement en ce moment.

    Depuis plusieurs semaines, depuis que je me rends régulièrement rue Dingo, j'extravague de plus en plus. Ça ne va pas du tout. 



    Mercredi 21.XI.2018

     18:25 

    Pour raison de mi-temps thérapeutique, je ne travaille pas le mercredi. C’est formidable. Ce matin, grasse mat énorme rue Dingo. 
    Cet après-midi, un peu de rangement de l’appart. 
    J’écoute Crosby ,Stills, Nash sur la chaîne hi-fi tandis que je scanne d’intéressants documents d'Ariel d'Ybiade. Tout un programme. Mais ça vaudra le coup. Gain de place notable une fois les originaux jetés. 

    Au-dessus de la tv, un abattant. Bar. Nouveau genre d'écart de conduite. Je me sert un fond de tequila
    L’appart Ariel d'Ybiade me propose ce genre de tentations. Et elles me sont mélancoliques. Telle était ma vie ya encore quelques mois de cela. Des petits plaisirs. Terminé tout ça. Maintenant, je dois contrôler tout ce que j’ingère. C’est bien triste. Je me ressert d’un peu de tequila. Ça me rappelle le temps où je croyais n’avoir aucun problème de santé. 
    Le cd s’achève sur After the Storm. 
    Après la tempête, un verre d’alcool à la main. Qui l’eut cru fin avril. 
    Ce n’est pas sage, mais c’est tellement bon pour le moral, même si ça génère un fond d'atrabile. Cette frasque me ramène au temps béni de l’insouciance.

    19 :44 
    Je suis maintenant sur l’ordi d'Ariel d'YbiadeDiscographie conséquente. Je retrouve quelques titres que j’écoutais en boucle sur mon téléphone, en soins intensifs, le soir avant de dormir. M. Kiwanuka / Love & Hate… E. John / Believe… B. Dickinson / Arc of Space… B. Marsalis & J.Calderazzo / Hope… 
    Je me rappelle. L’hôpital. les épreuves. Le passé. Irréel. Déjà. 
    Et je suis là. Chez Ariel d'YbiadeChez moi. Libre. Je réécoute ces morceaux. Quel décalage. Comme reprendre le boulot. Comme si rien ne s’était passé. Surréaliste. Comme mon retour de Muncie, Indiana, pour reprendre directement le boulot sans même avoir eu le temps de passer chez moi déposer ma valise.
    Et j’écoute ces morceaux comme je les écoutais avant l'hosto. Chez moi. Libre. Vivant. Indépendant. Sans drains, sans électrodes, sans passages d’infirmières… 
    Dans le salon, la tv dont je m’étais pourtant parfaitement bien passé deux mois durant. 
    Il est l’heure de dîner. La vie, aussi triviale qu'avant.

     

     

    Jeudi 22.XI.2018

    15:00 
    La boucle est bouclée. J’ai enfin rencontré les pompiers qui m’ont sauvé la vie. Une bonne chose de faite.

     


    Vendredi 23.XI.2018

    15:50 
    Rue Dingo.  
    Une deuxième semaine de reprise de boulot est passée. Pas désagréable ce mi-temps thérapeutique. Tout à l’air de se passer pour le mieux. 
    Parti déjeuner avec David et Gyorgy. On retrouve Vincent, Frédérique et Marie-Do. 

     

    Dimanche 25.XI.2018 

    20:10 
    Rue Dingo

    J’ai fait un tour en Ybiadie. 
    C’est le nom d’un fichier captivant trouvé dans l’ordinateur d'Ariel d'Ybiade.
    Une pensée me vient 
    J’aimerais mes poussière ou cendres poudre noire d’un sablier. 
    Mais attention je porte un Medtronic 24952 

    (...)

    Bon alors c’est clair, je suis complètement fou, c’est bien ce que je disais l’autre fois. 

    Donc on cherchait les séquelles, c’est ça, je suis complètement taré. Mais bon c’est pas grave on vit dans un monde de barjos alors je fais mon délire un point c’est tout.

    Là on est dimanche soir, je ne suis absolument pas près pour demain matin mais on verra bien, une nouvelle semaine commence et ça c’est complètement fou aussi. 
    Une nouvelle semaine de boulot mais bon mi-temps thérapeutique hein calmos. 

     


    Lundi 26.XI.2018 

    02 :39 
    Comme hier, j’ai fait un tour en Ybiadie. 
    Je comprends mieux certains dossiers de l’ordi. Ce sont les projets sur lesquels Ariel d'Ybiade travaillait. Mais comme cela est compliqué ! Quel amphigouri ! 
    Est-ce bien raisonnable de se laisse embarquer dans cette chimère ? J’ai plus urgent à faire. Et pourtant, l’attrait du dossier Ybiadie est irrésistible. Exactement comme le sillage jasminé du foulard de la fée du matin de Cochin. 

     


    Mardi 27.XI.2018

    16:00 
    Rue Dingo

    Tout à l'heure je réalisai que j’avais dû laisser à la pharmacie l’enveloppe matelassée contenant des documents d'Ariel d'Ybiade scannés au bureau. Je me rhabille et descend en vitesse. On me remet l’enveloppe, ça passe comme une lettre à la poste.

    Et là, je viens de faire un petit tour en Ybiadie. 
    Tout va pour le mieux.

    18:00 
    Je continue mes conneries mais après tout je ne crains rien je porte un MyCareLink 24952 de chez Medtronic.

     

     

    Mercredi 28.XI.2018 

    19:45 

    Grasse mat ce matin, mi-temps thérapeutique. 
    AM :
    Je continue mes conneries je ne crains rien je suis sous surveillance.  
    Tour en Ybiadie. 
    Le dossier dans l’ordi d'Ariel d'Ybiade est rempli de merveilles. Elles sont si enivrantes que j’en oublierais presque qu’elles ne sont que les illustrations du grand projet du Vieux. 

    Il n’avait peur de rien, Ariel. Une vie n’y aurait pas suffit. D’ailleurs elle n’a pas suffit. Son oeuvre prenait trop de temps à s’édifier parce que labyrinthique. Il s’y perdait lui-même, je pense. Des années de brouillons, tous nouveaux ou à chaque fois repris, complétés, rapetassés, classés par versions millésimées. 
    Heureusement, je pouvais noter certaines évolutions du brouillon d’un texte dans le temps ce qui m’aidait à mieux comprendre ce que le vieux sous-entendait. A force d’intrusions dans son ordi, peu à peu, je commence à appréhender son ambition et à me faire une conception de sa philosophie. 
    Je réalise qu’il me faudra devenir l’exégète des élucubrations alambiquées d'Ariel d'Ybiade pour le faire comprendre. Je dois élaborer une version simplifiée de la mythologie conçue par le vieux sans qu’elle ne perde sa magie. 

    Je comprends cette utopie, cette chimère. Le vieux construisait un monde parallèle qu’il avait baptisé Ybiade. 

    On prend conscience de l’ampleur du chantier quand on découvre la plus ancienne date d’enregistrement d’un document, le 31/08/2000. 
    2000 ! On est déjà le 29.XI.2018 et il est 01:00 du matin.

     


    Jeudi 29.XI.2018

    15:00 
    Déjeuner avec Gérard & Loïc. 

    Rue Dingo. Comme presque tous les jours, guitare et Ybiadie. 

    Comment procéder pour faire un plan de ce labyrinthe ?… 
    Je me déclare ybiadologue. J’ai le droit. Ce truc est à moi. 
    Oui le dossier Ybiadie oui l’ordi oui l’appart. Tout est à moi maintenant. 
    Tout, jusqu’au souvenir du vieux dans lequel j’infuse en passant tout ce temps chez lui. Je commence à me fondre dans le décor ou est-ce que je m’imprègne de la personnalité d'Ariel qui remplie le moindre recoin de l’appartement? 
    Bon, je n’arrête pas de parler d’Ybiadie, mais ça n’intéresse que moi finalement, pour l’instant. Revenons plutôt à l’appartement. 

    [ Finalisation de la description de l'appartement ]

      

    (...)

     


    Dimanche 02.XII.2018

    19:20 
    Rue Dingo. 
    Dans la chambre, face au mur sud, la fenêtre à l’est à ma gauche, assis devant l’ordi du vieux sur une vieille table à dessin sur tréteaux en bois. A ma droite, le temple maya, c’est-à-dire la cheminée rococo, avec devant le sombre et ancestral secrétaire en bois verni. Sur le meuble, au  milieu de lampes et d'objets de déco , le moniteur de télétransmission bionique et l’aztèque obsidienne que j’ai rapportée des vitrines du salon. L’obsidienne bistouri qui sacrifie un sternum pour atteindre le cœur du sacrifié aux statistiques technico-médicales. 

    C’est bientôt l’heure des médocs

       (...)



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